12 ème GENERATION
Début XX° Siècle : La Grande Guerre 1914 – 1918
Du Siècle des Progrès au Siècle des Tensions, Les Années Surréalistes, L’Économie en Crise, …bienvenue à la nouvelle génération : celle de nos parents
Pourtant , à l’aube de cette nouvelle génération , à l’aube de ce nouveau siècle , nous nous attardons encore avec nos grands parents que nous aurions pu connaître et chérir .
Notre jeune couple , Blaise-Henri Boud’huile et Marie-Claudine sont heureux de nous apprendre la naissance de leur premier enfant de sexe féminin , Catherine née le 14 juin 1900 .
Un an plus tard , le 21 août 1901 , à neuf heures du soir naissait Clotilde-Louise , deuxième fille . Le lendemain , à sept heures du matin , Blaise-Henri déclarait sa naissance à la mairie . Le maire , Jean-Marie Petitpierre , officiait avec comme témoins Nicolas Poirieux, oncle, et Blaise Boiron grand-oncle de l’enfant .
Une correspondance régulière est entretenue entre les membres de la famille . Nous apprenons que « notre Grand Oncle Fournier » qui est toujours curé à St. Didier au Mont d’Or le 4 décembre 1902 , confie toujours à Blaise-Henri l’entretien de ses terres et qu’il le charge aussi de vendre son vin . A ce moment là , nous faisons la connaissance de sa Bonne Pauline qui est sa domestique et avec laquelle il « fait bon ménage … » .
(voir photo)
Par la suite , toujours par courrier , nous savons que le temps de sa retraite approche . S’adressant à son cher neveu , il lui demande de faire effectuer une réfection de sa maison de Saint Andéol le Château où il compte séjourner à court terme car il est très fatigué par la charge de travail et aussi parce qu’il résiste mal au temps …. Là encore, Pauline « ne vous oublie pas » !
La jeune mère , Marie Claudine , attendra deux ans avant de mettre au monde Anne-Marie Antonia , le 21 juin 1903 , encore une fille , elle est le numéro 3 .
Historiologie :
La retraite de l’abbé Fournier sera brève , car le 17 décembre 1906 , il décède à Saint Andéol.
Le 20 décembre 1906 , Maître Béringer, notaire à Saint Andéol , ouvre et fait légaliser par le Tribunal Civil de Lyon son testament écrit de la main du défunt ( testament olographe ) à sa cure de Saint Didier et daté du 26 septembre 1905 (traduc85.wps) . Il désire être enterré auprès des siens au cimetière de son cher pays natal , dans sa concession … il demande que soient dites à son intention et pour le repos de son âme « mille messes basses » ! , bien qu’il n’ait jamais eu de haine pour personne et qu’il ait demandé pardon à ceux qu’il a pu offenser après avoir recommandé son âme à Dieu .
Il lègue tous ses biens à son neveu et à ses deux nièces . Le 24 décembre 1906 , un acte de notoriété est établi certifiant que l’abbé Fournier n’a aucun descendant et que ses quatre neveux sont bien ses seuls légataires universels (traduc86.wps) .
Blaise-Henri va hériter de cette fameuse vigne qu’il a tant travaillé : il s’agit de La Bironne d’une contenance de 39 ares . En plus il reçoit un jardin et un bâtiment d’exploitation .
Blaise-Henri va- t-il pouvoir assumer cette nouvelle charge de travail ?
Enfin , le 13 janvier 1906 , nouvel espoir …. Les trois sœurs voudraient un petit frère . Non ! c’est la petite dernière qui arrive à une heure du matin , Laurentine-Louise . Sur l’acte de naissance , sont inscrits les prénoms de Louise – Léopolde . Puis un renvoi mentionne le prénom de Laurentine ! Le papa est âgé de 37 ans , la maman de 35 ans .
On notera que les deux plus jeunes sœurs , prendront leur deuxième prénom pour l’utilisation courante .
Le 19 janvier 1907 , un nouvel acte est établi , par lequel les deux sœurs Marie -Mathilde et Marie -Émilie en accord avec leurs maris , acceptent le legs en faveur de leur frère Henri-Blaise . (traduc89.wp ) .
Le 4 septembre 1909 , Marie-Claudine Poirieux -Boud’huile , reçoit en héritage anticipé de sa mère veuve de Jean Le Marie Poirieux demeurant La Rivoire à Saint Andéol :
- 1 maison d’habitation La Rivoire .
- 1 jardin de 650 m² .
- 1 pré de 57 ares à Rochetaravane commune de St. Andéol .
- 1 terre à St.Martin de Cornas avec bâtiment d’exploitation de 26 ares .
- 1 tènement de terre et pré de 57 ares, 10 Lieu de la Gaure Saint Andéol .
- 1 vigne de 13 ares au Berry .
- 1 champs de bruyères de 39 ares à Montrond Givors .
- 1 vigne et bois de 19 ares au lieu de l’Arrenter à St. Andéol .
Soit une surface totale de 211 ares ou 21100 m² ou 2 ha….
Cette époque de leur vie , une photographie des 4 enfants aux cheveux longs retenus sur la tête par un ruban , portant des robes différentes avec un grand col en dentelle , nous laisse supposer qu’elles vivent dans une famille heureuse , entourées de mille attentions et que les joies simples et les petits plaisirs qu’offrent la vie sont bien appréciés . (voir photo)
Historiologie :
Le 1 juin 1914 , Henri – Blaise Boud’huile signe sa police d’assurance contre les risques agricoles avec la compagnie La Providence . La prime couvre 1,4 hectares de vigne , 1,25 ha. de terres ou bois et 0,95 ha. de prairies .
En réalité , depuis qu’il est devenu propriétaire en titre des biens de ses parents et des biens de son oncle, notre grand père , à son tour , fidèle à ses racines terriennes et en digne descendant de ses ancêtres Pierre , Antoine , Etienne , s’est lancé à son tour dans d’autres acquisitions de terres .
- Le 19 février 1909 , il achète comptant : 1 ha.31 ares de prés à M. Bonjour à la Roche ( St. Andéol le Château)
- le 28 novembre 1910 – 2 ha.176 – en vigne et pâturage à Mme Benière –
- le 2 avril 1911 – -65 ares de terrains incultes à Mme Bret à La Combe –
La surface de son patrimoine personnel est alors de : 49510 mètres ². La surface du patrimoine de sa femme 21750 – soit un Total ………………… 71260 M² de terrains divers, un peu plus de 7ha
Le 15 février 1914 , à la veille de la grande guerre , à l’âge de 67 ans , Catherine Fournier mère de Blaise-Henri , grand mère de Catherine , Clotilde , Antoinette et Louise , quitte cette famille qu’elle a tant aimée et protégée , entourée de ses enfants et de ses petits enfants .. Elle repose au cimetière de Saint Andéol auprès de ses parents et de son mari .
Historiologie :
Après la grande guerre , notre grand mère , Marie-Claudine Boud’huile malade est à son tour exclue de la vie . Elle décède le 29 janvier 1919 , elle n’a que 46 ans .
Immense chagrin au cœur des 4 sœurs . Catherine l’aînée a 19 ans , Clotilde a 18ans , Antonia a 16 ans , la petite dernière , Louise a 13 ans . Un conseil de famille nomme leur oncle , frère de leur mère , Nicolas Jean Pierre Poirieux , célibataire , propriétaire cultivateur à La Rivoire , Subrogé-Tuteur .
Le 25 juin 1919, Henri-Blaise fait un inventaire des biens de la communauté , ses filles étant encore mineures ( traduc94.wps ) .
Cet inventaire est établi dans sa maison , en présence de Maître Ollagnier notaire à Saint Andéol .
On découvre un détail précis de tous les biens du ménage . Certains , se retrouveront plus tard , chez tante Catherine : armoire , commode , pendule , machine à coudre Singer . Dans l’énumération , on notera » une vache âgée de douze ans d’un poil gris blond , estimée à 450 francs et une autre de quatre ans sous poil rouge valant 600 francs , il y a aussi 3 chèvres et 1 brebis » !
Le 11 août , Blaise Henri reçoit la facture des honoraires du notaire qui se monte à 127,10 francs plus une taxe à 20 % . ( traduc95.wps)
Historiologie :
On trouve des courriers de la Banque Louis Pontnau de Marseille en date de janvier 1920 faisant état d’achat de Bons “Panama” qui sont payés en 12 fois , un acompte de quinze francs et 11 mensualités de 25 francs, soit un total de 290 francs , pour une cotation en Bourse de 187 francs ! Cher grand père , tu n’as pas l’âme d’un boursier !!
Le 12 juin 1920 , Joseph-Pierre Guernet et son épouse Marie Émilie vendent à Blaise-Henri pour une valeur de 2000 francs la maison d’habitation et le jardin qu’ils détenaient de l’héritage maternel à Saint Andéol (traduc98.wps) . Ensemble attenant celui de Blaise-Henri qui devient ainsi , seul propriétaire des lieux . Notre grand père est alors âgé de 52 ans .
A Vienne , la famille Guernet quitte la rue Clémentine et achète une maison au n° 96 de la rue Vimaine! Cette maison , nous la découvrirons plus tard , habitée par la famille Mayousse , car leur fille Angèle épousera un Mayousse , facteur de son état ! Joseph-Pierre est toujours apprêteur dans l’ usine textile : Jaillet-Pivard .
Catherine , Clotilde , Antonia , Louise , très jeunes ont appris la couture . Elles savent que leur avenir n’est pas à Saint Andéol. Comme leurs tantes il y a quelques années elles sont attirées par la ville .C’est à Vienne qu’elles voudraient se fixer . Ces dernières années de guerre ont changé leurs conditions de vie . Les restrictions et les hausses de prix ont fléchi le pouvoir d’achats de la famille . A leur tour , elles veulent travailler pour devenir indépendantes .
Pour cela , leur père , qui a toujours vécu dans un univers matriarcal depuis sa jeune enfance , n’ayant pas de fils pour assurer la continuité de son « entreprise » , encore responsable , mais avant tout protecteur et en admiration devant ses filles , abandonne le foyer de Saint Andéol , berceau de ses ancêtres . Il est contraint par les évènements de s’installer à Vienne où il achète une maison . Il va pouvoir vivre de ses rentes et outre son jardin , il va s’adonner à son passe temps préféré : la broderie . Et oui, pourquoi pas !
Une photographie de cette époque nous présente , cet instant unique , la fusion qui existait entre les 4 sœurs Boud’huile , à l’exemple de « la main et le gant » .
Historiologie :
A partir du 30 octobre 1922 , Henri Boud’huile habite définitivement à Vienne au n° 96 de la rue Vimaine , dans l’ancienne maison de trois étages des Guernet . Une police d’assurances est signée pour dix ans . Cette police le situe en tant que propriétaire , locataire , et comme profession : jardinier . Ses filles célibataires demeurent avec lui , elles ont entre 22 et 16 ans pour Laurentine-Louise la plus jeune.
Le 30 août et le 8 septembre 1925 , Henri Boud’huile vend les biens provenant du patrimoine de la mère de ses enfants de Saint Andéol pour un montant de 7500 francs . Plusieurs actes sont passés devant maître Thévenet , notaire à Saint Andéol . Sur les actes , il est stipulé que Henri Blaise vit à Vienne avec ses filles , Catherine couturière , Anne-Marie couturière , et Louise -Léopolde mineure . En résumé il vend :
- à Monsieur François Bouvard cultivateur :pré et pâturage de 71 ares situé à St Martin de Cornas pour 3 000 francs en espèces .
- à Monsieur Jean-Marie Rivoire propriétaire :terre de 26 ares située à St Martin de Cornas pour 600 francs en espèces .
- à Monsieur Jean-Pierre Bélingard propriétaire :pré et pâturage de 35 ares 57 centiares à St Andéol pour 800 francs en espèces .
- à Monsieur Jean -Antoine Convers Industriel et maire de St Andéol : un pâturage avec carrière de pierres de 13 ares situé à St Andéol pour 100 francs en espèces .
- à Monsieur Jean Alphonse Rullière fondé de pouvoir de Barclays Bank à Lyon : un bâtiment et jardin de 650 m² à St Andéol pour 3 000 francs en espèces .
Clotilde sans profession demeure à Lyon au n° 3 du chemin de Sainte Irénée . Elle a décidé de consacrer sa vie au service de Dieu . Elle rentre au couvent .
Le douze janvier 1928 , à sa majorité , Laurentine Louise avalise par un acte notarié chez Maître Gonsollin notaire à Givors , toutes les ventes effectuées par son père du patrimoine de Saint Andéol (traduc101.wps). Cet acte retrace les cinq ventes effectuées entre août et septembre 1925 des maisons et terrains de la famille Boud’huile – Poirieux . Cet argent leur permettra de vivre jusqu’au décès de Blaise Henri .
Nous ne possédons aucun autre document qui explique la vente des autres biens du patrimoine de notre famille . Nous savons seulement par la voix de Tante Catherine que les terres étaient immenses …
Historiologie :
Il s’en suit que …
Venant de Roubaix , suite à la dépression dans le milieu du textile , la famille DANCETTE arrive à Vienne qui est alors le centre de la laine cardée pour l’armée ainsi que du drap .
Ma grand mère Florence Deboosere est décédée . Son mari , Victor Joseph , (mon grand père paternel ) est accompagné de trois de ses fils : Louis , Charles et Jean . Il manque Victor qui vit dans le Nord …
Mon père âgé de 19 ans , devance alors l’appel et s’engage à la caserne de Vienne dans le 4° Régiment de Tirailleurs Sénégalais . Le 23 octobre 1930 , il passe un examen , le B.P.M.E. (Brevet Professionnel Militaire Élémentaire ) . Il est classé 32° sur 72 avec 417 points . Il travaille à la suppléance de l’Intendance . Le 14 août 1931 , il passe 1° classe . Il habite alors : Chemin de l’Argentière à Vienne avec son père .
Imaginons… Pour rentrer le soir en sortant de la caserne , il emprunte la rue Vimaine et va croiser Laurentine et Antonia qui reviennent de leur travail .
Ce sera le coup de foudre entre Jean et Laurentine Louise … Il va commencer sa cour… Or , il ne gagne pas assez d’argent pour envisager un avenir … Il quitte l’armée le 6 octobre 1931 . Il est en disponibilité dès le 15 octobre avec un certificat de bonne conduite .
Peut-être … , un soir , Joseph-Pierre Guernet invite Jean Dancette , à dîner. Assistent à ce repas , son beau-père Blaise-Henri et ses plus jeunes filles , Antonia et Laurentine . Peut-être fera-t-il sa demande en mariage ….
Guernet va l’aider à trouver un meilleur emploi chez Jaillet-Pivard comme ouvrier molleteur .
Pendant ce temps, Tante Catherine attirée par le soleil , débute sa vie professionnelle à l’ hôpital de Grasse comme lingère . Elle continuera cette profession plus tard à l’hôpital de Vienne où elle terminera sa carrière . Catherine qui sera appelée par tous “marraine” , habitera rue de la Gère . Elle décèdera à Villette d’Anthon ( maison de retraite ) à l’âge de 73 ans , le 4 août 1973 .
Tante Clotilde en digne descendante de cette famille où la foi chrétienne a une grande importance et une place prépondérante , est entrée au couvent à Lyon . Elle y décèdera jeune à 43 ans , le 29 janvier 1944 .
Mais un événement capital se produit le 18 janvier 1932 , c’est … le mariage de la très gracieuse Laurentine Louise Boud’huile avec le non moins séduisant Jean Dancette !
Blaise-Henri est un heureux père , il marie enfin une de ses filles . Louise a 26 ans , Jean a 21 ans . Grâce à des photos nous avons un souvenir très précis de ces moments de bonheur . La bénédiction nuptiale sera donnée le lendemain à l’église de Saint Maurice. Le couple aura 3 enfants :
- Marie Paule naîtra le 6 juin 1933
- Henri – 9 février 1937
- Georges – 17 mai 1946
Leur grand père n’aura pas la joie de leur distribuer sourires et caresses . Il s’éteindra le 6 juillet 1933, peut de temps après la naissance de l’aînée .
Tante Antonia dite tante To-To , fait la connaissance de Pierre Jean-Marie Ogier . Ils se marient à Vienne le 23 septembre 1933 . Le couple quitte Vienne pour s’installer à Saint Etienne . Ils auront 4 fils : Paul , Bernard , Jacques et Michel . La tragique disparition de leur père pendant la guerre marquera leur jeunesse . Plus tard avec ses enfants elle s’installera à Lyon .
C’est le 24 janvier 1991 que disparaîtra à son tour Antonia . Elle aura vécu 88 années . Elle reposera aussi à Saint Andéol . On peut lire , gravés sur la pierre tombale , ces mots :
O survivants,
Laissez son tombeau solitaire
Elle ne dort pas sur cette terre
D’un morne et lugubre sommeil!
Elle aimait l’air et l’espace
Pleurez-là dans le vent qui passe
Dans les fleurs et le soleil .
Historiologie :
……FIN du XIX° Siècle…..
Changement radical de vie pour les descendants de cette lignée Boud’huile qui perd ses racines terriennes . Sur la vague optimiste du XIX° siècle , ils se sont octroyés à leur tour : le changement , le développement , la liberté collective , l’indépendance , l’émancipation .
Les voici à la veille des tensions et des crises économiques et de la guerre mondiale .
…… XX° Siècle ……..
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