début du XVII° siècle – Règne de LOUIS XIII
Sur les registres paroissiaux de Bans , de Loire et de Givors , qui débutent en 1610 figure le premier BOUDHUYRE Jean . ( branche paternelle à la 7° génération)
C’est le dixième jour du septième mois de l’année mille six cent douze dans le petit hameau de Loire sur Rhône que notre ancêtre voit le jour .
Il serait le fils de Antoine BODUYRE né autour de 1585 et de Philippa GAUTIER , tous deux natifs de Loire sur Rhône .
Cette lignée familiale est installée dès cette date , entre Givors et Bans sur les bords du Rhône . Loire est le bourg voisin de Bans situé sur les bords du Rhône .
On pourrait croire qu’ une déficience de l’ouïe , une désinvolture appliquée à la langue orale de l’époque par : le patois , le dialecte de la seigneurie où vit la famille , un français pratiquement inexistant , enfin une originalité pour marquer une distinction entre eux , serait à l’origine de la transformation de notre nom . C’est ainsi que nous faisons la connaissance du groupe des familles : Bodhuile , Boudule , Bouduire , Bouduyre , Bouduïlh, Boduille , Bouduille , Bouduile , Boudhuile , et enfin Boud’huile!
Pas du tout ! Nous avons la certitude que nos noms de famille n’ont pas d’orthographe . On peut dire que jusqu’à la création des livrets de famille instaurés vers 1878-1880 , et même jusqu’à l’alphabétisation du début du XX° siècle , il n’est pas rare de voir les actes de naissance des enfants d’un même homme rédigé sous des orthographes aussi variées qu’inattendues , nées du langage parlé et restées dans le monde de l’oral .
Curés , notaires puis secrétaires de mairie les ont , des siècles durant , mis à la sauce de leur choix , sans risquer la moindre contestation puisque personne n’y attachait alors la moindre importance , et que les hommes qu’ils avaient en face d’eux étaient aux quatre cinquièmes analphabètes .
Givors , province du Lyonnais appartient alors à messieurs les comtes de Lyon possesseurs du sol et administrateurs . Bans est la limite du domaine du seigneur ( c’est la banlieue de Givors )
A cette époque , la campagne est peu travaillée . Elle présente un caractère sauvage : ravins escarpés , sous-bois humides aux forêts de châtaigniers , prairies sur les plateaux ensoleillés . Ici aussi , nos aïeux conquièrent ces lieux et s’y établissent . Givors , outre son activité agricole , est une ville importante avec son port commercial assez considérable . Il permet à un grand nombre de portefaix de vivre . Ils assurent le transport des denrées et des marchandises comme le vin , le blé , les fourrages , le charbon qui vient du Gier , le poisson à l’époque du carême , le trafic du sel …. Le fleuve permet aussi la circulation des marchands et des voyageurs .
Nos ancêtres vivent en effet tous à la campagne et essentiellement au sein des seigneuries . Ils sont attachés à la terre. La société est fondée sur les liens d’homme à homme . Ils font partie du Tiers État qui à lui seul doit assurer la subsistance et la vie matérielle du clergé et de la noblesse .
Ce sont des terriens, Ils sont issus de la « roture » . Ils travaillent à la rupture de la motte de terre , travail du défricheur et du laboureur . Leur vie est rude comme pour tous les paysans de ce siècle .
On dénombre une grande tribu composée de frères , sœurs , oncles , tantes , cousins , cousines …Les mariages se font dans le cercle familial . Ils sont programmés , préparés …. Ils vivent à l’ombre du clocher auquel ils sont fidèles .
Parfois un “étranger” de la paroisse voisine a la chance de se marier dans ces familles autochtones . Ils sont attentifs à leurs propos car un mot ou un nom n’a pas le même sens ( dialecte ou patois).
La religion est omniprésente . Nos aïeux en sont pétris . Le Curé , fils de bourgeois ou d’artisan aisé , parfois de laboureurs , a une grande influence sur eux . Il use de son pouvoir auprès de ses ouailles .
Cependant , leur époque est marquée par des évènements importants :
C’est ainsi qu’à Givors en 1610 , un courrier arrivant de Lyon apporte une nouvelle :
le roi de la poule au pot , Henri IV ( le vert galant ) , vient d’être assassiné par Ravaillac le 14 mai !
Louis XIII , son fils , lui succède , mais trop jeune , Marie de Médicis , sa Mère prend la Régence . Elle est assistée de Concini qui devient Maréchal d’Ancre , et surtout de Richelieu qui est alors : secrétaire d’état .
De même , cette année là , Galilée découvre les satellites de Jupiter ….
Le 13 janvier 1622 , naît Jean Marie Poquelin qui , quelques années plus tard deviendra Molière .
En 1624 , le Cardinal de Richelieu entre au Conseil . Les paysans du Quercy , “ les croquants “ se soulèvent contre l’augmentation des impôts .
Pendant toute cette période , des peintres traduisent sur leurs toiles des moments de leur vie . Grâce à eux , nous pouvons connaître leur époque et son histoire :
- Vélasquez et ses Ménines
- Rembrandt qui a su donner du mouvement à ses compositions : Leçon d’Anatomie
- Van Dyck et ses portraits
- Rubens et son Combat des Amazones
Autour de 1625 , sur le Registre d’État Civil de l’église de BANS tenu par le Curé de la Paroisse, figure la naissance de Jean BODHUILE . Il est le premier membre de la famille à figurer sur les Registres paroissiaux de Givors . Nous retrouvons sa descendance dans nos archives familiales .
Bien que les nouvelles circulent très lentement , durant sa jeunesse , Pierre entendra parler :
- de D’Artagnan célèbre Mousquetaire de Louis XIII .
- de Corneille qui clamera Le Cid .
- de Descartes par son « discours de la méthode: je pense donc je suis » .
En 1635 , les intendants , dotés de pouvoirs de justice , police et finances , commencent à se fixer dans les provinces : c’est une étape capitale de la politique centralisatrice et absolutiste . Le louis est créé et s’impose comme unique monnaie d’or circulant dans le royaume .
Richelieu meurt le 4 décembre 1642 ; Mazarin lui succède . L’année suivante Louis XIII qui a épousé Anne d’Autriche dont il a eu tardivement un fils , futur Louis XIV, disparaît à son tour et Anne d’Autriche est nommée Régente .
On augmente les taxes , octrois et droits . On entre dans une période trouble avec les premiers soulèvements populaires dans les campagnes .
A Paris c’est “Les Frondes” des princes . Mazarin s’enfuit et Louis XIV est proclamé majeur à 14 ans . C’est la guerre civile .
A GIVORS , en bordure de la cité féodale , la Place de la Sablière devient le centre de la vie locale. Foires et marchés , qui existent depuis la création du “péage” en 1208 par Philippe Auguste , sont installés à cet endroit précis . Les Givordins taillables se cotisent pour élever l’ église Saint -Nicolas en 1646 en bordure nord de la place . Elle deviendra église paroissiale en 1747 à la place de celle de Bans . Elle deviendra le lieu de rassemblement de toutes les délégations des communes du canton pendant la Révolution .
L’ordre est rétabli ; Mazarin rentre à Paris et en 1654 Louis XIV est sacré roi.
Jean Bouduyre pense à son avenir . Il a alors 24 ans . Comme pour tous les paysans de cette époque , les mariages sont parfois tardifs et souvent arrangés pour protéger leurs biens .
Parmi tous ses voisins , Jean connaît particulièrement la famille Fanana .
C’est ainsi que Jeanne Fanana , son amie d’enfance , vêtue de sa belle robe de mariée noire , va devenir sa femme . Leur mariage est célébré à l’église de Bans .
Les mois de janvier , février , novembre sont les seules périodes choisies pour les noces car il n’y a pas de gros travaux dans les champs . Les interdits religieux excluent le Carême , l’Avent , et plus tard , le mois de mai , devenu le mois de Marie . Des proverbes circulent sur le sujet : « Noces de mai , noces mortelles » , « Mariages de mai ne fleurissent jamais » . On affirme même que « les mégères s’épousent en mai ». De plus , à cette époque le jour choisi est le mardi de préférence suivi de deux jours permettant de prolonger la fête . Jamais le vendredi , jour de carême et encore moins le dimanche , jour du Seigneur !
La vie est organisée autour du travail incessant de tous les jours … Il faut se nourrir , payer les impôts , les fermages…. De plus , le salaire agricole dans ces années là est très faible ( environ 12 sous par jour) et il faut la moitié de cette modique somme pour payer son pain que l’on mange bien sûr dur et rassis .
Trois enfants naîtront de leur union à Givors :
Parmi tous le prénoms en vogue à cette époque on note : Marguerite , Madeleine ,
Anne , Louise , Marie , et plus particulièrement François et Françoise . Deux prénoms
qui vont être choisis dès 1638 .
- Florie BOUDULE Naissance en Janvier 1636 qui aura comme Parrain Claude Boudule et comme marraine Florie Fanana .
- Pierre BOUDUIRE 1640/1708 notre lignée suivante
- François BOUDUILE 1638/1696 se marie avec Françoise Besson
Ces garçons vont apporter un progrès dans leur famille . Un colporteur arrivant par bateau au port de Givors avec toutes sortes de marchandises laisse échapper un paquet.Pierre et François ont la curiosité de regarder les quelques feuillets qui s’en échappent . Ils apprennent que ce qu’ils ont entre les mains s’appelle un Almanach qui porte aussi le nom de « Grand Compost des bergers » .
Avec étonnement ils découvrent que grâce à Gutenberg ce livre est diffusé depuis 1493 et qu’au cours des années 1600 cette littérature populaire est très prisée par tous ceux qui savent lire . Ils se rendent compte que malgré leur analphabétisme ils peuvent interpréter les illustrations et par là ce journal peut contribuer à leur culture populaire .Après avoir rendu de multiples services à ce voyageur , ils emportent précieusement cette nouveauté à leurs parents . A leur tour , ravis de ce divertissement , un narrateur leur transmet son bagage de récits . Pierre et François doués d’une bonne mémoire peuvent à leur tour véhiculer les histoires contenues dans l’Almanach . C’est ainsi qu’ils apprennent les contes de Perrault pour le plus grand bonheur de toute leur famille.
« Le petit Poucet et Peau d’âne » serviront de récompense , à la veillée des chaumières , auprès des petits enfants de Pierre .
C’est le début du règne de Louis XIV …